LINGUISTIQUE ET DIDACTIQUE

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Chapitre 3 : Sémantique lexicale (2)

4-Les relations sémantiques

Les relations sémantiques entre les unités lexicales structurent le lexique sur le plan paradigmatique. Elles sont de deux types :

-         Relations hiérarchiques et d’inclusion lorsqu’elles concernent des unités qui n’ont pas le même rang (hyponymes et hyperonymes, relation partie-tout) ;

-         Relations d’équivalence et d’opposition lorsqu’elles concernent des unités de même rang (synonymes, antonymes, co-hyponymes)[1].

  

4.1- Relations de hiérarchie et d’inclusion

 

Pour illustrer cette relation de hiérarchie et d’inclusion nous allons nous baser sur les définitions claires et explicites que donnent A.Lehmann et F. Martin-Berthet. Ces auteurs distinguent deux types de relation : la relation hyponymie/hyperonymie et la relation partie-tout.

 

a- L’hyponymie et l’hyperonymie

La relation d’hyponymie est une relation hiérarchique qui unit un mot spécifique (sous-ordonné), l’hyponyme, à un mot plus général (superordonné) nommé l’hyperonymie. Ainsi tulipe est l’hyponyme de fleur, fleur est l’hyperonyme de tulipe […] les co-hyponymes ont le même hyperonyme. […]

Le rapport qui lie un hyponyme (tulipe) à un hyperonyme (fleur) est un rapport d’inclusion. […] (je souligne)

Certains mots sont tour à tour hyponyme et hyperonyme : manteau, par exemple, est l’hyperonyme de redingote et l’hyponyme de vêtement.[2]

 

Nous vous proposons un schéma pour mieux cerner ces relations

Hyperonyme

 

Hyponyme      hyponyme         hyponyme       hyponyme

 

b- La relation partie-tout

La relation partie-tout est une relation hiérarchique qui existe entre un couple de termes dont l’un dénote une partie et l’autre dénote le tout (relatif à cette partie) : guidon/bicyclette, poignée/valise, bras/corps, ongle/doigt, voile/bateau. Guidon est une partie de bcyclette ou le méronyme de bycyclette ; inversement, bicyclette désigne le tout ou l’holonyme de guidon.  Seuls les noms renvoyant à des référents divisibles et discrets sont susceptible d’être des méronymes. […]

La méronymie est, comme l’hyponymie, une relation logique d’implication (doigt implique main).

Mais la relation partie-tout se différencie de la relation d’hyponymie. Elle exprime une appartenance que l’on peut paraphraser avec le verbe avoir. Soit guidon/bicyclette. Le guidon est une partie de la bicyclette se convertit el La bicyclette a un guidon. L’holonyme domine le méronyme en position d’objet.  Au contraire, dans la relation hyponymique liée à l’opération d’inclusion, l’hyponyme est dominé par un nom attribut : La tulipe est une fleur. D’autre part, et ce trait est essentiel, alors qu’un hyperonyme impose ses propriétés à ses hyponymes, les propriétés du tout (holonyme) ne sont pas obligatoirement à ses parties (méronymie).les co-hyponyme de fleur : tulipe, œillet, pivoine possèdent les propriétés de la classe fleur (pétales, parfum, etc) mais les méronymes de bycyclette comme guidon, roues n’ont pas en commun les propriétés de la classe de licyclette.[3]

 

 

4.2- Relations d’équivalence/opposition

 

a-   Synonymie  

La synonymie désigne une relation d’équivalence sémantique entre deux mots ou deux expressions qui ont le même sens ou des sens très voisins (parasynonyme). Autrement dit, lorsqu'un mot peut être remplacé par un autre mot sans que le sens initial de la phrase ne soit modifié, alors ces deux mots sont des synonymes.

-          Je demande une permission = Je demande une autorisation.

Comme on peut le voir dans l’exemple ci-dessus, on établit la synonymie par une procédure de substitution.

 

 

Les synonymes ont un même signifié et des signifiants différents. Ces signifiants doivent en principe appartenir à la même classe. En effet, la synonymie lexicale se manifeste entre mots et/ou syntagmes de même catégorie grammaticale. C'est pourquoi un verbe par exemple ne peut en aucun cas être le synonyme d'un nom. Ainsi, « lancer une balle » peut être remplacé par « envoyer une balle ». Lorsque la synonymie porte sur des unités supérieures (phrases, énoncés), l’on parle de paraphrase.

Baylon et Mignot distinguent trois types de différences entre les mots synonymes :

  1. La différence peut être géographique. Dans le nord  ou l’est de la France, l’expression une paire de est volontiers traitée comme synonymes de deux (J’y suis resté une paire de jours). […]
  2. Les synonymes peuvent relever de niveaux sociologiques ou stylistiques différents. Dans le premier cas, chacun des synonymes est, du moins en théorie, propre à une classe sociale. Les dictionnaires donnent ainsi certains mots (ou certains sens) comme « populaires » ou « vulgaires », c’est-à-dire comme appartenant au vocabulaire des couches inférieures de la société : par exemple dégueulasse, synonyme de dégoûtant. Toutefois un locuteur appartenant à une classe cultivée peut très bien, dans certaines circonstances, utiliser un tel terme et en tirer un effet stylistique, ce qui renvoie au second cas. […]
  3.  Entre synonyme, les différences peuvent encore être « psychologiques », qualificatif peu heureux, disons plutôt qu’elles relèvent de l’affectivité, de la subjectivité. Cela implique une distinction entre sens affectif et sens référentiel (appelé aussi cognitif). […] prenons un exemple. Dans les médias, quand on situe quelqu’un dans la hiérarchie des artistes (ce substantif a déjà une connotation favorable), on se sert de l’adjectif bon, grand, et même immense. Ils ne sont pas réellement synonymes car ils se situent sur une échelle montante de valeurs. […]
  4.  Il arrive que le choix entre deux mots soit automatiquement déterminé par le contexte sans qu’une différence de sens soit sensible. La différence est alors purement combinatoire. Ainsi doit-on dire retour à l’envoyeur, mais l’expéditeur du colis. La détermination par un complément de nom oblige à remplacer envoyeur par expéditeur.[4] Dans ce cas, le critère de la substitution, que nous avons considéré comme essentiel à la démonstration d’une synonymie, n’est pas applicable. On a bien une sorte de synonymie, mais la différence des mots n’est liée qu’à leur distribution, ce qui constitue une de ces irrégularités dont les langues sont coutumières.

 

b-  Antonymie  

 

C’est la relation entre deux termes de sens contraire (antonyme). On distingue en particulier  trois types d’antonymie :

-         Les antonymes polaires [mort/vivant]. Il y a une relation de disjonction exclusive : la négation de l’un entraine l’assertion de l’autre, les deux mots ne peuvent  pas être niés simultanément.

-         Les antonymes scalaires ou graduelles. Ces mots définissent les extrêmes d’une échelle de gradation implicite et autorisent l’existence de degrés intermédiaires.

-         les antonymes converses ou réciproques [employeur/employé]. La relation d’opposition dans ce couple de mots se révèle par une permutation des arguments.

 

c-   Homonymie   

L’homonymie est une relation d’identité entre mots qui ne concerne que la forme, alors que toute affinité de sens est exclue. (Baylon et Mignot, 1995 :103).

Plusieurs types de ressemblance de forme sont attestés :

-         Une ressemblance forme graphique (homographie). Les homographes  du grec homos « semblable, le même » et graphein « écrire » peuvent avoir la même orthographe, mais pas la même prononciation, ni le même sens. Par exemple est et est sont des homographes. En effet, dans une phrase comme « L'Ukraine est un pays se trouvant à l'est de l'Europe », le premier est, qui se prononce [ε], représente la troisième personne du singulier du verbe être, employé au temps de l'indicatif présent, alors que le second est, qui se prononce [εst], est un nom masculin invariable représentant l'un des quatre points cardinaux se trouvant à l'endroit du globe où le soleil se lève. Ils peuvent avoir la même forme et la même prononciation, dans ce  cas on parle d’homonymie vraie.

-         L’homonymie vraie peut amener à des ambiguïtés de sens, comme dans une phrase de type : « La vieille alarme la copie ». En effet, cette phrase peut avoir deux significations différentes selon la nature des termes employés. Si alarme est un verbe et copie un nom, cette phrase décrit une vieille femme qui prévient un bout de papier d'un danger. Si en revanche alarme est un nom et copie un verbe, cette phrase décrit une espèce d'appareil sonnant d'un certain âge qui imite ce que représente l'article « la ».

-         Une ressemblance de forme orale (homophonie). Ces homonymes qui possèdent la même forme phonétique, c'est-à-dire qu'ils se prononcent de la même manière, mais qui n'ont en revanche pas la même orthographe, ni le même sens. Ces homonymes sont appelés homophones. Les homophones, de par leur forme graphique différente, ne se trouvent pas classés dans le dictionnaire de façon regroupée sous une numérotation externe, comme le sont les deux autres formes d'homonymes, mais de façon aléatoire, selon l'ordre alphabétique dans lequel ils doivent apparaître. Parmi les homophones les plus célèbres de la langue française se trouvent les fameux vair (fourrure), ver (lombric), verre (substance minérale), vers (strophe) et vert (couleur).

 

Pour Baylon et Mignot (1995 : 103-104) « seule l’homophonie est fonctionnellement constitutive de l’homonymie, l’homographie sans homophonie, plus rare, n’est qu’une curiosité de peu de conséquence. » Car c’est l’oral qui prédomine sur l’écrit.

 

 

d-  Polysémie 

La polysémie, terme qui vient des mots grecs polus « nombreux, abondant » et sêmeion « signe, sens », est la propriété d'un signifiant de renvoyer à plusieurs signifiés présentant des traits sémantiques communs. 

 

  • Ø Polysémie et monosémie

Le mot monosémique a une seule acceptation (un signifié pour un signifiant) soit, par exemple, décélérer (« réduire sa vitesse »).

Comme le mot monosémique, le mot polysémique n'a qu'une entrée lexicale, donc qu'un lexème, et entretient une relation entre signifiant et signifié.

Cependant, alors que la monosémie a un seul signifié pour un signifiant, la polysémie a, de son côté, deux ou plusieurs signifiés pour seulement un signifiant.

Lehmann et Martin-Berthet (2002 : 66-67) énumère deux autres caractéristiques distinguant le mot polysémique du mot monosémique :

  • Il fait partie du vocabulaire commun tandis que l’unité monosémique relève des vocabulaires de spécialité (foyer, instruire, solide vs azote, hydrocortisone, phonème). […]
  • Il a une fréquence élevée contrairement aux mots monosémiques.

 

  • Ø Sens des mots polysémique

Par ailleurs, tous les différents sens donnés à un terme doivent partager certains éléments communs, du fait que toutes ces significations viennent du même terme et, par conséquent, de la même origine lexicale. Ainsi, si un individu décide de regarder le terme langue dans le dictionnaire, il se rendra compte qu'il s'agit d’un terme polysémique puisque se trouvent, sous la même entrée lexicale, des définitions conceptuelles distinctes :

LANGUE [lãg] n.f. (lat. lingua). I. Organe. 1. ANAT. Corps
charnu, allongé et mobile, situé dans la cavité buccale et qui,
chez l'homme, joue un rôle dans la déglutition, le goût et la
parole. 2. Cet organe, servant à la parole. 3. BOUCH. Langue
comestible de certains animaux (boeuf, veau). II. Système de
communication. 1. Système de signes verbaux propre à une
communauté d'individus qui l'utilisent pour s'exprimer et
communiquer entre eux. 2. Langue formelle : système de
symboles conventionnels défini par les seules règles de
formation de ses énoncés, sans référence au signifié des
symboles. 3. Langue de bois : manière rigide de s'exprimer en
multipliant les stéréotypes et les formules figées, notamm. En
politique. III. Sens spécialisé. Ce qui a la forme allongée et
étroite d'une langue.

 


Le point commun parmi toutes les significations du mot langue est particulièrement clair puisqu'il s'agit de la première définition exprimée dans l'exemple ci-dessus, à savoir la partie anatomique du terme. Une division interne numérotée, représentant les multiples signifiés possibles qu'un signifiant exprime à lui seul, est la base de la polysémie. Cependant, la notion de polysémie s'élargit à des concepts plus complexes, comme le traitement de la polysémie par les tropes.

 

  • Polysémie à travers les tropes

Les changements de sens opérés sur les mots ou expressions d'une langue peuvent aussi exister et se concrétiser avec l'utilisation des tropes. Les tropes sont des figures de style ou de rhétorique qui donnent aux termes un sens figuré. C'est précisément l'intervention des tropes dans la polysémie qui fait passer le sens d'un mot de propre à figuré. Comme mentionné plus haut, la caractéristique principale de la polysémie est la pluralité des significations, soit le changement de sens, d'un terme. Or, une des caractéristiques principales des tropes est justement, comme pour la polysémie, le changement de sens des termes ou expressions, à la précision près que ce changement de sens reste focalisé sur le passage de propre à figuré. Il existe une multitude de tropes différents, comme l'allégorie, l'euphémisme, l'hyperbole, l'ironie ou la litote. Seuls trois différentes formes de changement de sens dans la polysémie seront développés dans les points suivants, à savoir la métaphore, la métonymie et la synecdoque :

  • Métaphore
    Le terme métaphore, qui vient du grec metaphora, à savoir « transport », traduit une transposition, un transfert de sens. Le principe de la métaphore est de faire exister un terme concret dans un contexte abstrait, par le biais d'une comparaison implicite. Tout comme la polysémie, la métaphore comporte un signifiant doté de plusieurs signifiés. Il suffit qu'un sème spécifique du signifiant soit présent dans le signifié pour parler de relation métaphorique. Parfois, ces traits sémantiques communs sont très difficiles à retrouver ou à reconnaître. Mais en règle générale, on peut parler d'une similarité de signifiés. La métaphore est, de manière subtile mais inhérente, cohabitée par la polysémie.

Certains mots composés, du fait qu'ils apparaissent particulièrement imagés, sont métaphoriques. C'est le cas de gratte-ciel ou homme-grenouille. En effet, les gratte-ciel étant des immeubles atteignant de très grandes hauteurs, ils donnent l'impression de toucher le ciel, d'où ce nom imagé qui leur a été attribué. Homme-grenouille est un terme tout aussi métaphorique que gratte-ciel puisqu'il fait un rapprochement imagé entre les facultés incontestées des grenouilles pour les sauts et plus précisément les plongeons, grâce à leurs pattes postérieures rebondissant comme des ressorts, et les plongeurs équipés de  scaphandres autonomes.

Parfois, ce sont des expressions idiomatiques qui présentent des aspects métaphoriques, comme l'expression péter les plombs. En effet, cette expression familière fait un rapprochement entre un court-circuit interrompant momentanément le courant dans les conducteurs, et la folie soudaine et généralement passagère qui peut s'emparer d'un individu.
Les métaphores par analogie de forme peuvent passer d'un terme concret à un autre terme concret, comme le terme caisse. En effet ce terme signifie, dans son sens propre, un coffre ou la carrosserie d'une voiture, donc quelque chose de concret, et dans son sens figuré, caisse signifie « voiture », c'est-à-dire une autre chose concrète. En revanche, il est fréquent que les métaphores par analogie de forme passent du concret à l'abstrait, comme le terme chien qui, dans son sens propre signifie un animal, donc quelque chose de concret, et dans son sens figuré devient la notion de ce qui est difficile, donc quelque chose d'abstrait, comme dans l'expression une vie de chien, c'est-à-dire « une vie difficile ».

Il existe une forme de métaphore parfaitement intégrée dans le discours quotidien de chaque individu. Cette forme de métaphore est dite « figée » car malgré les années, les décennies et même les siècles qui passent, ces métaphores ne changent ni ne disparaissent. Elles sont pleinement acceptées, et considérées comme faisant partie du langage à part entière. Leur utilisation est naturelle et spontanée. De ce fait, ces métaphores sont lexicalisées, c'est-à-dire qu'elles ont une place dans le dictionnaire. Ainsi par exemple, lorsqu'un individu cherche le mot « nuage » dans le dictionnaire, il trouvera, incluse dans sa définition, l'expression « être dans les nuages », qui signifie « être distrait ». « Nuage », dans ce cas, passe d'un terme concret, à savoir un « amas de vapeur d'eau condensée en fines gouttelettes maintenues en suspension dans l'atmosphère », à un terme abstrait, c'est-à-dire le fait d'être distrait.

La métaphore a, par ailleurs, la faculté de créer de nouvelles significations en attribuant des concepts nouveaux aux termes qu'elle utilise. En somme, cette figure de style peut conduire à la naissance de signifiés supplémentaires assignés à des signifiants déjà existants. De cette façon, lorsque la métaphore est utilisée dans un but stylistique, elle fait appel à l'imagination de la personne qui lui donne vie, mais également à l'esprit de la personne qui la reçoit, puisque cette métaphore n'est, contrairement à la métaphore figée, pas incluse dans le discours quotidien, ni, par conséquent, lexicalisée. Cette forme de métaphore purement rhétorique est appelée « circonstancielle », c'est-à-dire qu'elle peut être comprise uniquement par rapport à son contexte.

En dehors du contexte dans lequel la métaphore circonstancielle apparaît, celle-ci n'existe pas. Par exemple, imaginons un père au foyer qui regarde ses enfants chahuter entre eux. Pris dans l'excitation de leur jeu, ceux-ci se mettent à bondir dans tous les sens et à pousser des cris de plus en plus forts et aigus. C'est alors que leur père, qui les examine depuis un moment, a soudain la sensation plutôt étrange que ses enfants ressemblent assez fortement à des petits bonobos, les poils en moins. Le soir, alors que la mère est rentrée du travail, le père s'approche de sa femme et lui lance : « Ce soir nous mangeons des haricots avec des galettes de tofu. C'est les bonobos imberbes qui vont être contents ! » A ce moment, la mère ne sait pas si elle a bien compris ce que son mari vient de dire. La confusion s'empare d'elle et les questions fusent dans sa tête. Elle ne parvient pas à faire le rapprochement entre des bonobos, dont elle ignorait qu'il en existait des espèces imberbes, et ses enfants. En réalité, comme la métaphore circonstancielle ne s'applique qu'à l'intérieur d'un contexte précis, tout individu qui n'a pas été informé des circonstances qui ont poussé à ramener un concept vers un autre ne pourra que très difficilement comprendre de quoi il est question.

Enfin, il existe un troisième type de changement de sens dans la polysémie, appelé catachrèse, qui sert à combler une lacune lexicale. Il s'agit en fait d'employer un mot au-delà de son sens propre, de détourner ce mot de son sens initial. Par exemple le terme dos signifie, dans son sens premier, la partie du corps qui s'étend des épaules jusqu'aux reins. Mais dos signifie également les parties de certains objets ou accessoires qui rappellent ce dos dans son sens premier, de par sa surface plane et le fait qu'il soit la partie postérieure d'un corps humain. Ainsi notamment, comme il n'existe pas de nom spécifique dans le lexique pour exprimer la partie d'un vêtement qui couvre le dos, ce manque lexical est comblé par analogie. D'autres lacunes lexicales, comme le dos de la cuillère, d'une chaise ou de la main, sont ainsi comblées avec cette forme de métaphore.


Métonymie
La métonymie, qui vient du grec metônumia « changement de nom », est fondée sur la contiguïté qui existe entre deux concepts différents qui entretiennent un rapport logique de conséquence. Le procédé de cette figure de rhétorique consiste à exprimer un concept au moyen d'un terme désignant un autre concept, cet autre concept étant inévitablement relié au concept initial par voie de coexistence.

Une des relations qu'utilise la métonymie est un rapport de contenu à contenant, comme dans l'expression « boire un verre », où le verre n'est en fait que le contenant de ce qui est buvable, à savoir l'eau, le jus de fruit, bref, le contenu. La métonymie utilise également des relations de cause à effet, comme dans « boire la mort », où la mort est en réalité l'effet du poison qui a été bu. D'autres relations sont utilisées dans la métonymie, comme celle consistant à évoquer un artiste quand il s'agit en réalité de l'oeuvre de cet artiste, comme dans l'expression « c'est un Van Gogh ». Il est important de noter que la métonymie est souvent accompagnée d'une ellipse, c'est-à-dire qu'un mot ou un groupe de mots est tout simplement enlevé de la phrase dont il fait partie. Par exemple, la phrase « c'est un Van Gogh » contient l'ellipse « tableau de » puisque la phrase initiale est : « c'est un tableau de Van Gogh ».

Tout comme la métaphore, la métonymie n'est pas utilisée uniquement à des fins esthétiques mais est, au contraire, très présente dans le langage courant car elle permet des expressions abrégées et frappantes. La métonymie a déjà donné naissance à bon nombre de sens nouveaux. Cette figure s'est si bien intégrée dans le discours commun qu'il y a énormément de mots qui ont une origine métonymique mais qui ne peuvent plus être exprimés comme des figures de rhétorique. Par exemple, le verre ne désignait initialement qu'une matière spécifique, mais au fil du temps, ce terme a été accepté pour exprimer, en plus de la matière, tout objet fait de verre et servant à boire.

 

Synecdoque
La synecdoque, du grec sunekdokhê « compréhension simultanée », est très proche de la métonymie dans le sens où elle est également fondée sur la contiguïté de deux concepts différents, mais au lieu d'entretenir un rapport logique de conséquence, elle entretient un rapport logique de hiérarchie. De plus, le rapport qu'entretient la synecdoque entre le terme propre et le terme figuré est plus étroit que celui entretenu par la métonymie. Les relations traitées par la synecdoque peuvent être de l'ordre de la partie pour le tout, comme voile pour bateau, du genre pour l'espèce, comme mortel pour homme, ou de la matière pour l'objet, comme fer pour épée.



[1] A. Lehmann et F. Martin-Berthet, 2002, Introduction à la lexicologie, sémantique et morphologie, Nathan, p49.

[2] Idem p49-51 ;

[3] Idem p53

[4] Dans ce cas on peut dire que deux synonymes peuvent être parfaitement interchangeables dans un certain contexte, et ne plus l'être dans un autre contexte. (Je souligne)



24/02/2016
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